L’Asie crée la plus grande zone de libre-échange au monde
En novembre dernier, 15 pays d’Asie et du Pacifique ont ratifié le Partenariat Régional Économique Global (RCEP, en anglais) lors de la dernière journée du 37ème sommet de l’ASEAN à Hanoï. Après plus de 8 ans de négociation, cet événement est, à ce jour, le plus important accord de libre-échange au monde. Il concerne, en effet, plus de 2,2 milliards de consommateurs et représente 30% du PIB mondial. Le RCEP a été signé par les dix états membres de l’ASEAN (Vietnam, Malaisie, Singapour, Brunei, Indonésie, Philippines, Thaïlande, Laos, Myanmar, Cambodge) et cinq autres états de l’Asie et du Pacifique : la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
Ce nouvel accord peut être considéré comme la réponse chinoise à l’initiative avortée des Américains. En effet, les États-Unis se sont retirés en janvier 2017 du Traité de libre-échange transpacifique (TPP). Après des années de passivité de la part des États-Unis, la Chine a tout fait pour pousser le RCEP et ainsi renforcer sa position stratégique dans la région. À noter également, l’absence de l’Inde qui s’est retiré de l’accord l’an dernier par crainte de voir des produits chinois à bas prix envahir son marché.
RCEP : Regional Comprehensive Economic Partnership Agreement
L’accord est composé de 20 chapitres, 17 annexes et 54 listes d’engagements. Il vise à créer une immense zone de libre-échange entre les 15 pays signataires.
L’accord de libre-échange comprend des volets relatifs à la propriété intellectuelle, aux investissements, au commerce électronique, à la concurrence et aux petites et moyennes entreprises. Il couvre également des questions relatives à l’accès aux marchés, les règles et disciplines, et la coopération économique et technique. Il exclut en revanche toutes les thématiques relatives à la protection des travailleurs et de l’environnement.
Le RCEP prévoit également de supprimer les droits de douane et les quotas sur 65 % des produits échangés dans la zone. Il harmonisera dès son entrée en vigueur : les règles d’origine, les procédures d’évaluation de conformité ainsi que les procédures douanières.
Impact et date d’entrée en vigueur du RCEP
Le RCEP entrera en application uniquement après la ratification d’un nombre suffisant d’états. Un délai de deux ans a ainsi été accordé afin que chaque signataire puisse rejoindre le traité.
Les 15 états signataires espèrent ainsi relancer les investissements dans la zone après les effets économiques négatifs de la pandémie Covid-19. Pour la Chine, il s’agit d’une victoire importante, elle assoit ainsi un peu plus son influence dans toute la région face aux États-Unis.